Massifier les opérations de rénovation énergétique avec un objectif BBC est un impératif. Une des pistes : la rénovation par étapes. Effinergie a produit une étude sur les dispositifs nationaux et locaux qui accompagnent les trajectoires de rénovation BBC avec des étapes intermédiaires. Yann Dervyn, son directeur, revient pour nous sur les enseignements de cette étude.[vc_row][vc_column width= »1/4″][vc_single_image image= »21795″ img_size= »medium »][vc_column_text]

« Si la rénovation énergétique a dépassé le stade expérimental, nous n’en sommes pas pour autant à la massification des opérations. » « Nous devons – collectivement – présenter l’ambition BBC et la façon d’organiser ou de séquencer les travaux de manière que ce soit compréhensible pour le grand public. »

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Pouvez-vous nous faire un petit historique du label BBC-Effinergie Rénovation ?

Yann Dervyn – Il a été lancé en 2009 (arrêté de mai 2009) et est la suite logique de celui de 2006 pour les bâtiments neufs. C’est, pour Effinergie, l’optimum à atteindre en matière d’efficacité énergétique des bâtiments à un coût raisonnable. Depuis son lancement, la loi de transition énergétique de 2015 a fixé un objectif : le niveau BBC en 2050 pour l’ensemble du parc français, niveau qui permet à la France de se conformer aux exigences de diminution de la consommation énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique. C’était pour nous une belle victoire : à partir du moment où l’objectif a été inscrit dans la loi, tout le monde s’est intéressé au BBC ; c’est apparu comme une évidence. Maintenant qu’il nous faut atteindre ce niveau en 2050, la question est de savoir quelle trajectoire nous devons prendre pour parvenir à transformer l’ensemble du parc.

Et quelle est la réponse ?

Il y en a deux. La première est de dire que, pour chaque rénovation de bâtiment, il faut tout de suite viser le niveau BBC. C’est possible ! Cependant, c’est irréalisable dans certains cas – souvent pour des raisons financières, organisationnelles ou techniques. Ce qui nous amène à la deuxième réponse : si une rénovation globale n’est pas envisageable, inscrivons le bâtiment dans une logique de rénovation jusqu’en 2050. On sait qu’à cette date, il faudra être BBC ;
il convient donc de définir des étapes pour y parvenir.

Avant de parler de ce concept de rénovation par étapes, pouvez-vous nous expliquer ce que signifie « un coût raisonnable » dans le cadre d’une rénovation BBC ?

C’est atteindre un niveau d’efficacité énergétique qui permet de rentabiliser les travaux réalisés. C’est un optimum technico-économique, entre ce qui est réalisable techniquement et les gains générés. Soit un retour sur investissement en tenant compte de l’économie réalisée et de l’augmentation de la valeur patrimoniale une dizaine d’années après la rénovation du bâtiment.

Revenons à la rénovation par étapes. Effinergie a produit une étude sur le sujet. Pourquoi ?

Nous sommes partis du constat que, si la rénovation énergétique a dépassé le stade expérimental, nous n’en sommes pas pour autant à la massification des opérations. Or étudier ce qui se passe dans la réalité – comme la rénovation par étapes – peut faire partie du processus de massification. Ladite étude porte sur deux dispositifs nationaux et d’autres, mis en place par les collectivités locales, notamment ceux qui accompagnent les trajectoires BBC avec des étapes intermédiaires. Nous en avons identifié et analysé huit.

Quels enseignements en avez-vous tirés ?

En premier lieu, il existe deux approches dans la rénovation BBC par étapes. La première consiste à réaliser pour chaque bâtiment une étude, un audit ou au moins un diagnostic spécifique. Chaque bâtiment a une histoire qu’il importe d’examiner ou de réexaminer avant travaux : cela permet de définir une trajectoire de rénovation compatible. La seconde approche consiste à classer les bâtiments selon de grandes familles sur un territoire donné : dans ce cas, il n’y a pas d’audit. À ces familles s’appliquent de manière systématique des typologies de travaux définis en fonction de la famille à laquelle le bâtiment appartient.

Quelle est, selon vous, la meilleure méthode ? Y en a-t-il une qui soit plus efficace que l’autre ?

Il ne faut pas les opposer, mais plutôt s’adapter aux situations que l’on
rencontre. Massifier imposera probablement de passer par un système d’identification, de classement des bâtiments par typologie pour appliquer des solutions standardisées. Mais je ne suis pas sûr que nous soyons mûrs pour systématiser cette approche. En tout cas, pas de façon généralisée. L’étape intermédiaire, qui consiste à réaliser un audit par bâtiment pour définir les solutions, est pertinente. Il ne faut pas hésiter à réétudier le bâtiment parce qu’il y a sans doute eu des modifications – il aura été, par exemple, en partie rénové. On rencontre forcément une multitude de cas de figure. Ce qui impose donc de la souplesse entre ces deux approches.

Y a-t-il des points communs à ces deux méthodologies de la rénovation BBC par étapes ?

Oui. En observant les dispositifs régionaux mis en place, nous nous sommes aperçu que, dans les deux approches de ce processus, c’est la première étape qui s’avère la plus importante. Elle autorise des gains énergétiques importants, comme en Normandie ou en Bourgogne-Franche-Comté, où les demandes d’amélioration de l’efficacité énergétique sont, sur cette première étape, de l’ordre de 40 %.

Si l’on prend l’exemple de la maison individuelle, on entend souvent que changer la chaudière et isoler les combles suffisent pour atteindre ces 40 %, qu’en pensez-vous ?

Changer les équipements techniques ne suffit pas. S’en contenter revient à ne pas prendre la trajectoire BBC. C’est une partie du travail, qui n’est pas la plus fondamentale. Ce qui l’est en revanche, c’est le travail sur l’enveloppe. Et c’est là que le bât blesse. Car ces travaux les plus impactants et les plus efficaces sont aussi les plus chers. Avec cette méthode, le gros risque est de « s’arrêter tôt » sur la trajectoire, de ne pas aller au bout. Surtout si l’on s’attaque en premier lieu aux travaux les plus rentables : effectuer ensuite ceux qui le sont moins s’avère plus difficile. Et je rappelle qu’atteindre le niveau BBC impose de travailler sur tous les aspects.

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_single_image image= »21796″ img_size= »large » add_caption= »yes » alignment= »center »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Cela veut dire que le particulier, qui a déjà du mal à comprendre les enjeux, aura toujours du mal à passer à l’acte…

Nous devons – collectivement – présenter cette ambition BBC et la façon d’organiser ou de séquencer les travaux de manière que ce soit compréhensible pour le grand public. Pour ce faire, il est important de se mettre d’accord sur les termes et les ambitions, et de s’appuyer sur les réseaux qui sont déjà en contact avec les particuliers, par exemple les espaces Info énergie de l’Ademe, les relais Anah ou les professionnels comme les artisans. Ces derniers devront comprendre le concept pour accompagner leurs clients sur cette trajectoire BBC. Si nous ne parvenons pas à rendre ce dispositif attrayant, je pense que ça ne décollera pas.

Surtout qu’après la première étape il y a les autres !

Sur les dispositifs locaux et régionaux observés, il n’y a bien souvent qu’une seule étape suivante, qui est celle qui permettra d’arriver au BBC. D’autres dispositifs existent également, tel le PEE (Passeport efficacité énergétique) lancé par un certain nombre d’acteurs, dont des industriels. Ce système repose sur des combinaisons de travaux à réaliser après diagnostic initial et sur un passeport pour suivre les travaux dans le temps. Certes innovant, ce dispositif ne quantifie pas, a priori, le nombre d’étapes à réaliser. Or, en multipliant le nombre d’étapes, on multiplie forcément les risques aux interfaces de travaux. Si chaque étape ne prend pas en compte ce qui va être réalisé à la prochaine, il y a des risques de pathologie. Pour exemple, il n’est pas possible d’étanchéifier une enveloppe sans traiter le problème d’évacuation de l’humidité dans les bâtiments, ce qui signifie que le lot ventilation doit être géré assez vite dans le processus. Dans ce cas, comme dans toute rénovation par étapes, l’accompagnement est capital.

Stéphane Miget

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