Rénovation énergétique du logement : élargir le champ à d’autres motivations

La France a structuré sa politique de transition énergétique au travers de politiques sectorielles qui ont favorisé une baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais inégalement selon les secteurs d’activité. Afin de baisser les émission de CO2 dans le secteur de l’immobilier ancien, la France a imaginé une logique de contrainte par le DPE. Un calendrier pénalisant progressivement la détention de biens classés G, F et E, à partir du 1er janvier 2025 va s’appliquer. Pourtant, pour la BPCE, les intentions de réaliser des travaux de rénovation énergétique ne progressent que légèrement, bien en-deçà des objectifs.

Un premier obstacle tient à la forte surestimation par les propriétaires d’un logement du DPE de leur bien : 17% des détenteurs d’une résidence principale pensent posséder un bien classé E, F ou G alors que ceux-ci représentent 37% du parc en réalité. A cette erreur d’appréciation des besoins réels en rénovation énergétique, s’ajoutent deux éléments de fragilité liés aux intentions de travaux : seulement 5% des Français les envisagent à court terme, la majorité des intentions étant renvoyée à un horizon plus long et donc plus incertain tandis que moins d’un tiers des projets concerne une rénovation globale, la grande majorité concernant des travaux d’amélioration ponctuels.

En revanche, les autres types de travaux (embellissement, adaptation au grand âge, gros entretien du bâti, agrandissement des surfaces ou création d’annexes) motivent davantage les Français (61% dont 7% à court terme), principalement dans leur résidence principale, mais en envisageant moins de recourir au crédit pour les financer (39%). De plus, une corrélation forte prévaut entre les intentions de réaliser des travaux de rénovation énergétique, et celles de mener des travaux d’une autre nature : même profil type des répondants et forte appétence croisée. A l’heure où le vieillissement du pays s’accélère avec le passage au quatrième âge de la génération du baby-boom (très souvent propriétaire d’un logement individuel), la concordance des calendriers et des publics concernés entre les besoins d’adaptation du logement au grand âge et les objectifs de transition énergétique crée des opportunités.

La rénovation des logements, dans une acception large (incluant travaux de rénovation énergétique, adaptation du logement au grand âge et travaux d’agrément ou de remise en état), peut donc être envisagée de façon globale. La convergence des besoins et des aspirations (baisses de charges, qualité de vie, confort au grand âge…) constitue un faisceau de motivations probablement plus efficace que la seule sensibilité à la transition énergétique pour transformer des intentions de travaux en réalisations effectives.