Afin de mieux comprendre la situation des copropriétaires en précarité énergétique, l’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE) vient de publier une étude sur ce public. Le parc des copropriétés est celui qui compte le moins de ménages en situation de précarité énergétique. Selon l’indicateur « Enveloppe », 1,3 million sont en précarité énergétique sur un parc qui compte 7,2 millions de ménages, soit 18% d’entre eux.

Bien que moins nombreux que dans le parc social, ces ménages présentent des caractéristiques similaires :
– Des ressources financières trois fois plus basses que la moyenne des occupants des copropriétés (12 942 €/an contre 37 035 €/an) ;
– Des dépenses énergétiques moyennes par m2 plus élevées (23 €/m2 contre 19 €/m2) ;
– La taille de la copropriété : 62% des ménages concernés résident dans des immeubles de moins de 10 logements ;
– L’année de construction du logement : 76 % des ménages précaires énergétiques habitent un logement construit avant la réglementation thermique de 1974.

38% d’entre eux déclarent avoir eu froid au cours de l’hiver précédent l’enquête contre 18% en moyenne pour l’ensemble des ménages en copropriétés. Enfin, il apparaît que le poids du loyer et des charges de copropriétés grève le budget des occupants du parc de copropriétés. Un quart des ménages en précarité énergétique dans les copropriétés déclarent d’ailleurs avoir eu des difficultés pour payer le loyer ou les charges au cours des 24 derniers mois précédents l’enquête.

Un parc hétérogène qui rend complexe l’approche de la précarité énergétique

Pour bien saisir le phénomène dans les copropriétés, on note également que de grandes disparités sont notables selon le statut d’occupation des ménages : les locataires sont plus touchés. En effet, parmi les 1,3 million de ménages en précarité énergétique dans les copropriétés, près de 8 ménages sur 10 sont locataires (78%). Le jeu d’intervenants est complexe puisqu’il compte le syndicat de copropriété et son gestionnaire, les associations et bureaux d’étude, et l’Etat/départements/collectivités. Le traitement du phénomène dépend beaucoup de la nature de la relation entre ces acteurs. En effet, pour une rénovation efficace, l’ensemble des parties prenantes doit se mettre d’accord au même moment pour engager des travaux lourds et couteux. Alors qu’une rénovation efficace nécessite de traiter la copropriété dans son intégralité, l’intérêt personnel immédiat des copropriétaires peut primer sur l’intérêt de l’immeuble à plus long terme. Ainsi, la forte proportion de locataires couplée à la complexité du montage d’opérations de rénovation et à la pluralité d’acteurs en présence constituent un frein à des travaux de rénovation énergétique.

Graphique : à la question « Votre ménage a souffert du froid, était-ce dû à… », les ménages enquêtés par l’ENL ont pu indiquer plusieurs raisons. 11% des ménages en précarité énergétique (selon l’indicateur TEE_8%_3D) dans les appartements du parc privé ont indiqué ressentir le froid dans leur logement en raison d’une installation de chauffage insuffisante, ils étaient également 2% à déclarer que cette sensation de froid était liée à une panne durable de l’installation de chauffage, 8% à une limitation du chauffage en raison de son coût, 14% à une mauvaise isolation du logement.

La précarité énergétique est définie par l’ONPE selon plusieurs indicateurs :
– Le taux d’effort énergétique (TEE) est le rapport entre les dépenses d’énergie et les revenus du ménage. Le « TEE_8%_3D » considère un ménage en situation de précarité énergétique lorsque ses dépenses énergétiques sont supérieures à 8% de son revenu et son revenu par unité de consommation (UC) est inférieur au troisième décile de revenu.
– L’indicateur Bas Revenu Dépenses Elevées, rapporté au nombre d’UC du ménage (« BRDE_UC »), identifie les ménages dont le reste à vivre par UC (revenu par UC dont sont déduites les dépenses liées au logement hors énergie) est inférieur à 60% de la médiane et dont les dépenses d’énergie sont supérieures à la médiane des dépenses d’énergie.
– L’indicateur Froid est un indicateur subjectif basé sur le ressenti des ménages en matière de confort thermique. L’enquête nationale logement (ENL) 2013 prend en compte 7 motifs de froid : installation de chauffage insuffisante ; panne de l’installation de chauffage ; mauvaise isolation ; limitation du chauffage en raison du coût ; coupure d’énergie liée à un impayé ; mauvais réglage ou mise en route tardive de l’installation ; autres raisons.
– L’indicateur « FR_PRECA_3D » ne comptabilise que les ménages en situation de précarité énergétique répondant aux deux critères suivants : déclarer une sensation de froid liée à au moins l’un des cinq premiers motifs, c’est-à- dire ceux considérés comme significatifs d’une situation de précarité énergétique et avoir un revenu par unité de consommation inférieur ou égal au troisième décile.

Source : Etude thématique ONPE édition 2020 – Qui sont les ménages en précarité énergétique dans les copropriétés du parc privé ?