Philippe Pelletier, esquisse les 25 prochaines années du Plan Bâtiment Durable

À l’occasion du Congrès national du bâtiment durable, organisé à Lille début septembre 2025, Bâti-journal a reçu Philippe Pelletier, avocat et président du Plan Bâtiment Durable. Dans cet entretien, il revient sur quinze années d’action en faveur de la rénovation énergétique et trace les perspectives pour les vingt-cinq prochaines années : donner davantage de place aux collectivités, passer d’une logique énergie à une approche carbone, diversifier les financements et agir à l’échelle des territoires.

 

En complément de cette interview, Philippe Pelletier signe une tribune où il appelle à une mobilisation collective et décentralisée pour relever le défi de la rénovation et de l’adaptation du parc bâti face au changement climatique. Et ne pas céder à la tentation de la pause.

Plaidoyer pour un élan renouvelé

Par Philippe Pelletier

Il n’est pas besoin d’une grande lucidité pour observer ces mois-ci des signaux faibles dans notre parcours écologique vers des bâtiments et territoires durables : une équipe gouvernementale qui décroche l’énergie de la transition écologique pour la rattacher à l’industrie, la planification écologique qui a peiné à trouver son secrétaire général… et des tentatives de brider la réglementation environnementale de la construction, le zéro artificialisation nette des sols, les zones à faibles émissions de gaz à effet de serre, la sortie du champ locatif des logements énergivores, la prohibition d’engrais nocifs de synthèse, et l’on pourrait poursuivre l’énumération…

Chacune de ces observations n’a pas beaucoup de poids prise isolément, et on peut même trouver normal que des orientations d’hier soient questionnées au regard de nouvelles tendances mondiales et de nouveaux équilibres géostratégiques ; ce qui peut préoccuper, c’est le faisceau de ces signaux qui suggère à tout le moins un désir, porté par les acteurs publics de la transformation environnementale déjà bien engagée, de faire une pause dans un parcours ouvert il y a près de vingt ans. C’est sans doute l’occasion de se demander s’il ne devient pas impérieux d’ajuster la méthode mise en œuvre jusqu’à maintenant pour mobiliser la société autrement, de façon à susciter un élan renouvelé.

La méthode actuelle

Six critères principaux peuvent la caractériser : une politique d’État, même si elle a été largement concertée avec les acteurs professionnels ; un paramètre majeur, celui de l’énergie ; un objet d’attention centré sur le bâti ; un mélange d’incitations et d’injonctions ; des actions à l’unité portant sur le logement ou le bâtiment collectif ; enfin, un soutien continu de la demande, principalement celle des ménages.

Le déploiement de ces éléments de méthode a été assurément pertinent et efficace pour fixer le cap, lancer l’action et acculturer la société à cette nouvelle donne : sur un sujet si nouveau, il fallait l’intervention de l’État pour tracer le chemin et programmer l’action ; proposer aux ménages de les aider à réaliser des économies d’énergie, c’était la bonne voie pour conjuguer fin du mois et fin du monde ; rehausser les normes de construction et formaliser la rénovation du bâti ont permis de donner à la démarche un socle solide ; marier l’aide et la norme a contribué à forger un cadre évolutif, certes complexe, mais où personne n’est oublié ; agir à l’unité, ménage par ménage, c’est une pratique de longue haleine mais qui a permis que chacun, quelle que soit sa situation, soit accompagné ; enfin, soutenir la demande en la solvabilisant a été la bonne solution tant que les finances publiques l’autorisaient.

Et voilà que la machine se grippe, que s’émousse le soutien actif de l’opinion accaparée par d’autres défis, alors pourtant que la conviction de la société est désormais acquise, et que les efforts pour massifier l’action peinent à réussir. Le propos du moment n’est donc plus, au risque de brusquer la société, d’accélérer, voire de changer de pied comme disent les cavaliers : le temps est venu de remettre l’ouvrage sur le métier, vingt ans après son lancement, et d’adapter la méthode aux lignes-force d’aujourd’hui. Ce qui peut conduire à proposer un changement de méthode pour guider le quart de siècle qui s’ouvre, espérant ainsi réussir à satisfaire les objectifs que nous nous sommes assignés à l’horizon 2050, dans l’élan des propositions du Grenelle de l’environnement de 2007 et de la loi programmatique de 2009.

La méthode projetée

Elle apparaîtra radicale aux esprits conservateurs puisqu’elle revient à retoucher les six caractéristiques de la méthode en cours : aux collectivités locales le soin de relayer l’État ; au paramètre carbone de prendre le lead sur celui de l’énergie ; à l’usage de l’habitat et des locaux d’activité de devenir l’objet de notre attention collective ; à la contractualisation de l’action, si sa décentralisation n’est pas décidée, d’ajuster la règle au plus près des territoires ; aux actions groupées, à l’échelle du quartier, du lotissement, de la centralité urbaine, de succéder aux actions unitaires ; enfin, il nous faut concentrer nos efforts pour que l’offre de services et de travaux hausse sa qualité au point de pouvoir proposer aux maîtres d’ouvrage une performance garantie.

En somme, c’est une recomposition du paysage que doit dessiner la politique publique de demain : largement orientée vers le bas-carbone et son stockage efficient, l’action se déploiera au large, dans des espaces urbains où, d’une part, tous les résidents, comme toutes les classes d’actifs, seront concernés en même temps et, d’autre part, l’adaptation des locaux (aux dérèglements climatiques, au vieillissement des occupants, comme aux changements d’usage), leur rénovation, et la sobriété d’usage de leurs occupants seront l’objet d’une approche simultanée. Fondée sur la recherche de la meilleure intensité d’usage du bâti et sa gestion performante, l’action ne fera de la rénovation-adaptation des bâtiments ou de leur construction que le moyen de répondre aux exigences de la maîtrise d’usage : à cette fin, les collectivités territoriales auront la main pour orchestrer l’action, contractualiser avec l’État comme avec les opérateurs de tout ordre ; et collectivement, nous enrichirons la productivité et la performance de l’offre de services et de travaux, en améliorant emplois et compétences, en dopant recherche et développement, en innovant en techniques et organisations pour que les maîtres d’ouvrage se lancent sans réserve dans une démarche consolidée qui participera, partout sur le territoire, d’un bien-être accru de nos concitoyens et d’un respect de nos engagements internationaux.

La mise en œuvre du programme renouvelée

En somme, la proposition tente d’ajuster au temps d’aujourd’hui la programmation décidée il y a plus de quinze ans, sans que le cap fixé à l’horizon 2050 et les fondamentaux de l’action ne soient chamboulés. Ce qui pourrait justifier une action en deux temps :

  • d’abord, une large concertation d’acteurs doit valider ou infléchir ces orientations, et le Plan Bâtiment Durable pourrait être missionné à cet effet, avant que la représentation nationale sanctuarise ces évolutions ;
  • ensuite, ce doit être à travers une contractualisation élargie et diverse que les orientations doivent être développées : chartes d’engagement, green deals, expérimentations locales, portages associatifs, programmes territoriaux… Nous devons cesser d’attendre tout de l’État et laisser la société s’approprier pleinement et conduire ces évolutions que les élus locaux sont appelés à coordonner.

 


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