La 47e édition du congrès de l’Untec se tiendra à Avignon les 20 et 21 juin prochains sous le signe de l’intelligence artificielle (IA). L’occasion de faire un tour d’horizon des travaux et préoccupations des économistes de la construction avec leur président, Pascal Asselin.

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« À qui appartiennent les données lorsque la machine suggère des solutions de conception ? Que deviennent les économistes ? »« Nous pourrons analyser en temps réel le poids carbone d’un bâtiment et en modifier dans le même temps la conception. »

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planète bâtiment – « Intelligence artificielle et bâtiment, révolutions et innovations », tel est le thème du prochain congrès de l’Untec. En quoi l’IA intéresse-t-elle les économistes de la construction ?

Pascal Asselin – Nous parlons de transition numérique depuis une dizaine d’années. Avec les nouveaux outils, les données (data) ont été accumulées et elles commencent maintenant à être exploitées. Cela signifie que nous allons peut-être devoir modifier radicalement notre façon de travailler. En effet, l’IA est en train de toucher tous les métiers et, par voie de conséquence, les logiciels sur lesquels nous passons actuellement beaucoup de temps, et auxquels nous consacrons beaucoup d’énergie et d’argent. Concrètement, les algorithmes de l’IA pourraient faire voler en éclats tout notre système actuel, et par là même faciliter nos métiers.

Plus que l’IA, c’est son impact sur les métiers qui vous interpelle ?

Bien sûr, parce que cela induit de nombreuses questions. Par exemple lors de la phase de conception. Il existe des logiciels très connus qui proposent des requêtes pour concevoir les bâtiments. Mais qu’en est-il du droit inaliénable de la création ? C’est selon moi comparable à ce qui s’est passé dans l’industrie du disque. Lorsqu’un artiste crée une chanson, chacun fait son couplet et chacun peut apposer son nom sur la création. Mais dans le bâtiment, à qui appartiennent les données lorsque la machine suggère des solutions de conception ? Que deviennent les économistes ? Nous faisons de la prescription, mais, en attendant, il faut quand même mettre tout le monde en compétition et c’est là que cela devient intéressant.

Pourquoi ?

L’IA va faciliter les échanges, les analyses et, d’une certaine manière, les enrichir. Le prix est une donnée sensible – il change tous les ans, tous les mois, toutes les heures… Aujourd’hui, sur n’importe quelle plate-forme, il est possible de savoir ce que coûte un ouvrage. Sachant que le prix conclu et négocié, ce n’est ni nous ni l’IA qui le donnons, il sera défini le jour où le client signera le contrat avec celui qui va construire l’ouvrage.

Quel service va vous rendre l’IA ?

Cela va nous permettre de traiter des données beaucoup plus nombreuses et de façon plus rapide. C’est un outil d’aide à la décision plus évolué. Il y a quinze ans, pour calculer le poids carbone d’un bâtiment, il fallait sortir toutes les fiches matériaux, un travail fastidieux et chronophage. Demain, cet aspect ne sera plus un problème. Nous pourrons analyser en temps réel le poids carbone d’un bâtiment et en modifier dans le même temps la conception.

Quel est l’avantage pour les économistes ?

Que l’on soit dans un contexte régional, national ou environnemental, le principal atout réside dans la capacité à apporter à nos clients des analyses à la fois plus larges et plus fines. Le conseil va s’amplifier. Dire : « Le prix, c’est la machine qui me le donne » n’a pas de sens ni aucune valeur ajoutée. Ce qui en a, en revanche, c’est d’expliquer au client comment on ordonnance son opération, son chantier, dans quel délai, avec quels moyens… L’outil numérique va nous permettre de mener tout cela de façon beaucoup plus simple et précise.

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]Où en êtes-vous dans le développement des outils ?

Nous avons développé un logiciel capable de définir le coût de l’ouvrage en études de faisabilité. Baptisé « Anticip », il offre la possibilité de réaliser des chiffrages sans plan, à partir de fiches synoptiques qui permettent de définir les besoins, de poser les différentes hypothèses, d’effectuer des simulations : construire sur tel terrain, tant de logements, sur telle surface… Une fois que ces fiches ont été remplies, il en ressort une estimation ordonnancée par corps d’état, sans plan. Ce logiciel est l’aboutissement de trente ans de travail et d’expertise des économistes. À chaque fois que nous instruisions un dossier, cela générait des données et, par recoupement, nous avons fini par créer des algorithmes. En résultent des ratios assez précis. En quelques heures, nous pouvons réaliser une étude de faisabilité.

Y a-t-il d’autres sujets d’actualité pour les économistes ?

Un sujet très politique nous touche particulièrement, c’est la réforme de la formation professionnelle. Un volet qui nous occupe tous les jours en ce moment ! Avec la loi qui a imposé la réduction du nombre d’organismes de formation et qui a créé France compé­tences*, les syndicats professionnels ont beaucoup moins d’autonomie, ce qui nous oblige à prévoir des alliances, etc. Il y a aussi le rapprochement des branches : nous sommes en train de fusionner notre branche sociale avec celle des géomètres. Et nous espérons aboutir d’ici quelques semaines.

Si nous parlons activité, comment évaluez-vous le secteur ?

Aujourd’hui, les carnets de commandes sont pleins. En revanche, on ne sait comment va se terminer le Grand Débat, dont le résultat aura des répercussions sur tout le monde. Quel va être le message pour la filière bâtiment ? L’arrivée du nouveau président a suscité un espoir au niveau économique. Les affaires se détendaient, le marché aussi, puis la machine s’est enrayée de façon impressionnante, par exemple lors des annonces sur les APL, etc. On en voit aujourd’hui la conséquence : les permis de construire sont en berne alors que les besoins sont immenses.

Du côté de la rénovation énergétique, ne constatez-vous pas d’embellie ? Les particuliers sont souvent désemparés au regard des mesures incitatives permettant la rénovation des bâtiments. Les changements seront, à mon avis plus importants et visibles lorsque les grands bailleurs sociaux comme Action Logement vont s’en emparer…

* Créée par la loi no 2018-771 du 5 septembre 2018 (art. 36) pour la liberté de choisir son avenir professionnel, France compétences est l’unique instance de gouvernance nationale de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Elle a pour mission d’assurer le financement, la régulation, le contrôle et l’évaluation du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage.

Propos recueillis par Stéphane Miget

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