Un rapport du think tank la Fabrique écologique fait le bilan des différentes manifestations du changement climatique sur les littoraux et de la mise en œuvre encore très insatisfaisante des différentes modalités d’adaptation. 25% des côtes sont aujourd’hui en érosion, tandis que la submersion marine menace 1,4 million de résidents. Le changement climatique, et principalement l’élévation du niveau de la mer, va venir amplifier ces deux phénomènes. A l’échelle européenne et à l’horizon 2050, ce sont 55 000 personnes qui pourraient être, chaque année, concernées par les submersions marines, contre 10 000 aujourd’hui. La France fait partie des pays européens les plus vulnérables à la submersion marine.

L’une des options d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer fait l’objet d’une attention croissante de la part des pouvoirs publics et de la société. Il s’agit de la relocalisation des activités et des biens. La Stratégie Nationale de Gestion Intégrée du Trait de Côte a comme sous-titre « Vers la relocalisation des activités et des biens ». L’Etat affirme sa volonté de mettre en œuvre une telle recomposition des littoraux. Depuis quelques années, les travaux de chercheurs de différentes disciplines étudient la faisabilité d’une telle mesure et les conditions de son succès. Le corps politique s’est également saisi de cette question puisque des propositions de loi ont été faites tour à tour par l’Assemblée Nationale puis par le Sénat, sans aboutir. Le gouvernement a mis en place en 2019 une mission d’inspection interministérielle sur la question du financement de la recomposition spatiale des littoraux. Le ministre de l’environnement a annoncé récemment la création d’une mission parlementaire visant à préparer un futur débat législatif sur ces enjeux.

La question de la répartition du coût des relocalisations se pose. Faut-il faire reposer le financement sur la solidarité nationale, comme cela est le cas pour l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles, ou imaginer des mécanismes de solidarité au niveau local ? Faut-il moduler les indemnisations afin de tenir compte des impératifs de justice environnementale ? Quels seraient dans ce cas les critères d’équité ? D propositions commencent à émerger : modulation en fonction du revenu, de l’attachement au bien, d’un éventuel lien entre l’activité professionnelle du ou des occupants et l’utilisation du bâtiment, etc.

Source : L’adaptation au changement climatique sur le littoral français – Jill Madelenat Chargée d’études à La Fabrique Ecologique