« Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat » est une prospective de l’Ademe qui explore quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en France en 2050. Ils visent à articuler les dimensions technico-économiques avec des réflexions sur les transformations de la société. Le rapport Transition(s) 2050, première étape de cet exercice, a été publié le 30 novembre 2021, aujourd’hui, l’Ademe étend ses analyses dans des feuilletons. Elle vient d’en présenter huit dont l’un d’eux aborde la modération de la construction neuve, il détaille les principaux enjeux pour les acteurs et propose des pistes pour accompagner les changements.
Certains leviers de contribution des bâtiments à la transition écologique sont bien connus : isolation thermique, adoption d’énergies moins carbonées, évolution des modes de vie… Si les bâtiments neufs consomment de moins en moins d’énergie en phase d’usage grâce aux réglementations thermiques successives, les consommations d’énergie et émissions de CO2 associées à la fabrication des matériaux et des équipements imposent de reporter l’attention sur l’amont du cycle de vie d’un bâtiment. Selon les données issues de l’Observatoire E+C-2, les émissions d’un bâtiment sur sa durée de vie sont majoritairement liées aux produits de construction, qui représentent selon le type de bâtiment de 55 à 80 % des émissions totales. C’est pourquoi limiter la construction neuve est l’un des leviers à explorer dans le cadre d’une transition bas carbone. Cela permet également de contribuer à la lutte contre l’artificialisation des sols.
La logique générale du scénario consiste à optimiser l’occupation du parc afin de limiter fortement la construction neuve : diminution des surfaces par personne, augmentation de l’intensité d’usage, transformation de résidences secondaires en résidences principales, résorption de la vacance, évolution des logements en fonction de la vie des ménages. Ces stratégies permettent de répondre à la demande (en logement, locaux…) tout en réduisant de façon significative les volumes construits et les pressions associées. Ce scénario voit un fort développement des matériaux et systèmes constructifs biosourcés, accompagné d’une décroissance des matériaux traditionnels tels que nous les connaissons aujourd’hui. L’industrie se transforme pour se décarboner. L’économie de la fonctionnalité et du réemploi se développe également de façon significative. Le scénario renforce le basculement des entreprises vers le marché de la rénovation.