Toutes les grandes centrales syndicales et patronales du secteur de l’industrie de transformation du bois ont pris l’initiative d’une déclaration commune pour dire stop à l’exportation massive de grumes en Asie. L’exportation de bois non transformé prend des proportions inquiétantes et pas uniquement en chêne. Toutes les essences sont concernées ou le seront à court terme. Une pétition lancée mi-juin a déjà recueilli plus de 9000 signatures d’entreprises pour demander aux dirigeants de notre pays et de l’Europe de réagir sans délai. Cette pétition est reprise maintenant à leur compte par de nombreux pays européens (stoplogexport.net). Les menuisiers, artisans, constructeurs, fabricants de parquets sont très nombreux à avoir signé la pétition car ils sont inquiets pour leur avenir. Si les scieries sont privées d’approvisionnement, c’est toute la filière qui en sera impactée à très court terme. Dans un contexte de pénurie de matériaux, il est donc suicidaire de laisser perdurer sans réagir. Plusieurs ONG ont-elles aussi lancé un cri d’alarme et une pétition citoyenne.
L’emballement observé ne va pas se calmer. Au contraire, il va s’accélérer, s’amplifier et toucher le résineux, pilier du bois construction et de la palette. Le Président russe vient de décider un embargo sur l’exportation des grumes et sciages frais en 2 étapes (1er juillet 2021 puis 1er janvier 2022) pour préserver la souveraineté nationale de son industrie. Ces flux représentent 20% du commerce mondial de grumes et 70% des bois russes partent en Chine. L’ogre chinois a lui-même interdit la récolte de chêne sur son territoire pour 99 ans et plafonne la récolte de résineux. Il en résulte une prédation de la ressource forestière européenne feuillus et résineux en prévision de cet embargo russe. 2 millions de m3 de grumes partent actuellement mensuellement d’Europe en Chine. La Commission européenne veut attaquer la Russie à l’OMC pour lever l’embargo mais ne prévoit aucune clause de sauvegarde de l’industrie européenne pour stopper l’hémorragie le temps que la lenteur de la justice s’exprime. Le temps économique et écologique n’est pas compatible avec le calendrier juridique de l’OMC. L’Union européenne n’est pas sûre de gagner car la position russe est loin d’être illégitime notamment sur un plan écologique. Sortons de la candeur et de la naïveté. Le bois est devenu une matière stratégique qui fait partie intégrante de notre souveraineté et une clé de la neutralité carbone. Certains pays commencent à constituer des réserves stratégiques.
Nos artisans, le monde de la construction et toute l’industrie de transformation du bois est en demande d’une mise en sécurité urgente de ses approvisionnements. L’enjeu vise désormais toute la filière et nos objectifs de neutralité carbone.