Intervenant : Guillaume Pitron – Auteur de « La guerre des métaux rares » Guillaume Pitron :  » « La guerre des métaux rares » est une guerre économique et industrielle avec des conséquences environnementales. Nous avons besoin de ces métaux pour nos technologies, toutes sortes de technologies, les besoins sont exponentiels et il va bien falloir aller chercher ces matières quelque part. Il va y avoir des gagnants et de perdants économiques et industriels sur l’échiquier des métaux rares. Le détenteur de ces métaux rares est la Chine et c’est  là qu’est la guerre industrielle ce qui pose des problèmes d’approvisionnement et pénurie. il y’a une trentaine de métaux rares : gallium, indium, vanadium… qui sont aujourd’hui recherchés pour leurs propriétés. ils permettent la dématérialisation, la miniaturisation de nos économies. Nos choix de consommateurs et du marchés se sont orientés de ces matériaux. Je me suis rendue dans ces zones minières de façon à pouvoir le constater directement. Ce que je vois, c’est qu’il faut retourner des centaines de milliers de tonnes de roche pour obtenir quelques kilos de ces métaux. Il faut les raffiner donc avoir recours à des produits chimiques qui sont rejetés dans la nature sans être traités au vu des réglementations environnementales souvent non respectées en Chine. Au final, on arrive à un coût environnemental et sanitaire colossal. On parle d’externalité négative, toute la pollution de ces matières premières se trouve à l’étranger et nous rachetons la matière première propre, nous l’intégrons dans nos technologies et nous vantons l’efficience et l’aspect basse carbone de cette technologie. Il faut avoir une approche plus globale du problème.  Il ne s’agit pas d’être technophobe, on peut être smart cities. Il faut se demander comment fait-on en sorte que la surconsommation numérique n’aboutisse pas à l’effet inverse de ce qui était recherché ? The Shift Project qui est un think tank vient de publier un rapport qui dit que la surconsommation numérique n’est pas durable, ne crée pas un monde soutenable compte tenu de ce ça requiert comme énergie, comme matière première. Il faut donc trouver ce bon équilibre.  Aujourd’hui, on commence à comprendre les coûts énergétiques environnementaux de l’immatériel. On sait que le numérique consomme deux fois plus (4% de l’énergie mondiale environ et on consommera 8% en 2025) , que ça généré deux fois plus de gaz à effet de serre que le transport aérien civil mondial. On sait que l’intensité énergétique du numérique est moins bonne que le reste de l’économie (augmentation de 4% par an). Face à ces chiffres, on ne peut pas faire l’impasse. »