[vc_row][vc_column][vc_column_text]Échanges avec Philippe Van de Maele, président de l’Alliance HQE-GBC, et Philippe Rossez, président de Novabuild, coorganisateur de l’événement.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/4″][vc_single_image image= »21898″ img_size= »full » add_caption= »yes »][vc_single_image image= »21902″ img_size= »full » add_caption= »yes »][/vc_column][vc_column width= »3/4″][vc_column_text]Planète Bâtiment – Alliance HQE-GBC et Novabuild, quel est l’intérêt pour vous de vous regrouper pour le congrès et qu’en attendez-vous ?
Philippe Van de Maele – L’objectif du regroupement est un mouvement global : pas question de se focaliser sur un seul sujet qui serait le carbone, l’énergie, la biodiversité ou encore la qualité de l’air. Nous poussons la logique d’un développement durable qui embrasse tous les critères : respect de l’environnement, qualité de vie et performance économique. Nous souhaitons garder ce positionnement de qualité globale contrairement aux autres labels plus thématiques. En résumé, nous avons trois orientations. Premier axe : aller vers l’international sachant que des labels internationaux viennent aussi en France. Deuxième axe : étendre l’analyse du bâtiment au quartier, à la ville et aller vers une notion plus urbaine. La volonté étant de changer d’échelle et d’aborder tout ce qui peut se faire en termes d’optimisation environnementale au niveau d’un îlot, d’un quartier, d’une ville. Troisième sujet : travailler au niveau local avec les territoires, adapter et développer cette dynamique. D’où des partenariats régionaux – en l’occurrence, l’un de nos premiers partenaires est Novabuild qui partage la même vision. Nous travaillons à ce déploiement avec les mêmes objectifs que sont la transversalité des critères, l’international et l’orientation vers les quartiers. Le congrès Cities to Be répond à cette stratégie globale de l’Alliance HQE-GBC.
Laurent Rossez – L’urgence ! Le réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre se confirme et ne fait que croître, allant même au-delà des scénarios envisagés lors de la Cop21 de Paris. L’inertie est telle qu’avant de réussir à freiner réellement ce processus, le réchauffement sera « sérieux », avec toutes les conséquences que cela implique. Deux choses à faire. Primo : continuer à freiner le plus possible, chacun à son niveau : bien sûr les particuliers – chaque effort est bénéfique – et surtout les entreprises. Aujourd’hui, un programme politique visant à réduire les émissions n’est absolument pas éligible. Les efforts à consentir sont tels que 90 % de la population les jugent impossibles. Tout le monde serait dans la rue pour protester. Donc, cela ne passera pas par le politique ; le plus gros levier, ce sont les industriels et les entreprises. Pour le secteur qui nous concerne, il faut prendre en compte à la fois la ressource pour construire, le transport, la déconstruction et la reconstruction.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Quel est le message que vous voulez faire passer, l’objectif du congrès ?
Laurent Rossez – L’objectif de ce congrès, c’est de passer à l’action, de prendre conscience et de dire ce que nous ne pouvons et ne devons plus faire. Le constat est déjà là. Élus, décideurs, aménageurs ne savent plus comment faire ; c’est à l’ensemble de la profession – constructeurs, architectes, bureaux d’études – de donner ses prescriptions et conseils en concertation avec les aménageurs, et surtout de montrer des exemples en Europe et dans le monde. Nous avons mis une règle en place, nous parlons des projets au passé composé. Dire qu’on a réalisé un immeuble doté d’une inertie thermique suffisante pour se prémunir de pics de chaleur de 40 °C plus de 10 jours, sans climatisation – car il peut y avoir une rupture du réseau électrique –, que ce même immeuble peut préserver la vie des personnes âgées 10 jours de plus que la moyenne des autres immeubles construits en Europe, cela change tout. Et cela fait beaucoup plus d’effet que de dire « il faudrait que nous imaginions… ».
Philippe Van de Maele – Nous souhaitons aussi bien travailler à l’international que nous adapter à des problématiques territoriales. D’où l’enjeu du lieu de l’événement : Angers. Un lieu qui doit permettre d’échanger, de clarifier les sujets et de passer à l’action. Les solutions et les bonnes pratiques existent. L’enjeu aujourd’hui est donc de les diffuser et de les mettre en œuvre rapidement. Nous défendons une vision globale, l’élargissement d’échelle, tout en préservant une démarche au niveau des territoires, voilà le message.[/vc_column_text][vc_single_image image= »21905″ img_size= »full » add_caption= »yes » alignment= »center »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Cities to Be a comme slogan « l’événement des acteurs engagés dans la construction et la ville durable pour agir plus vite ». Comment agit-on plus vite ?
Philippe Van de Maele – En travaillant ensemble ! L’une des originalités de cette édition du Congrès national du bâtiment durable, outre sa dimension internationale, est d’avoir placé l’inter-réseaux au cœur de l’événement : Novabuild, l’Alliance HQE-GBC, mais aussi nos homologues français du Réseau bâtiment durable animé par l’Ademe et le Plan bâtiment durable, et nos confrères internationaux du réseau des GBC (Green Building Council) ou encore des associations thématiques comme Effinergie, SBA, le Cibi, Qualitel…
Laurent Rossez – Dès maintenant, il faut construire la ville pour la rendre plus résiliente et donc inclusive et durable. Ce n’est pas en regardant les schémas météo que l’on construira la ville résiliente. Je ne citerai pas de projets… Mais certains sont absurdes, au regard des parcelles où ils sont implantés et de l’investissement consenti. En 2050, une partie de la France sera inhabitable. À une époque, j’étais encore un peu optimiste, mais il y a vraiment urgence. Les jeunes prennent conscience de ces enjeux, ils ne peuvent plus cautionner tout cela – ils savent qu’ils seront encore là en 2050 ! La jeunesse nous pousse…

Cette mobilisation, comment la fait-on ? En centralisant davantage, en se dispersant moins ? Et la prise de conscience est-elle au rendez-vous ?
Philippe Van de Maele – Cette mobilisation passe par des outils et un langage communs. Il est fondamental que tous les partenaires partagent la même vision. Les cadres de référence et de définition de l’Alliance HQE-GBC – Bâtiments durables, Économie circulaire, Bâtiment connecté, HQE aménagement… – proposent aux acteurs une vision structurante qui libère du temps pour l’action. Ils ont vocation à être utilisés comme trame pédagogique de formation et d’éco-conditionnalité, support à la rédaction de guides territoriaux et sectoriels, de revues de projets comme C’Positif… et, bien sûr, comme base de l’élaboration des référentiels de certification et des outils d’auto-évaluation HQE. En utilisant ces cadres, les acteurs contribuent également à faciliter le partage des pratiques et à leur conférer une meilleure visibilité sur les plans national et international. C’est essentiel, surtout si la France veut porter son discours à l’étranger, inspirer le monde sur les solutions concrètes à mettre en œuvre pour tenir une trajectoire 2°C. Bien évidemment, la nécessaire utilisation d’un langage commun est pleinement compatible avec la différenciation des territoires, notamment au niveau des performances. Les projets HQE aux quatre coins de notre Hexagone et du monde en sont la preuve.
Laurent Rossez – La prise de conscience est réelle, mais les gens ne font rien. L’objectif est donc de déclencher l’engagement volontaire. Lorsque je fais des conférences, j’expose des données probantes établies par les scientifiques que l’ONU a missionnés et je dis deux choses : les particuliers doivent continuer à faire le maximum, et les politiques ne pourront faire plus. Le véritable levier, c’est l’engagement à long terme des entreprises, dont celles de la construction. La prise de conscience n’a pas véritablement eu lieu. Le secteur de la construction doit se réinventer parce que, dans quelque temps il sera accusé, à tort ou à raison, d’être à l’origine de défaillances qui peuvent entraîner la mort, et c’est très dur à entendre. Nous sommes tous un peu dans le déni, un système de défense psychologique. Et continuons à construire comme avant. La question est de savoir comment nous, entreprises, pouvons agir au quotidien pour freiner tout cela.

Constructions et villes durables, quelles sont les thématiques qui vous semblent les plus importantes et pourquoi ?
Laurent Rossez
– Il faut construire la ville en l’adaptant à ce qui arrive, ne plus raisonner à l’échelle de la parcelle, mais de l’îlot urbain. Un seul îlot peut réunir cinq promoteurs. Et au lieu de créer un îlot hybride, presque autonome, passif, de mettre des arbres en pleine terre en utilisant au maximum le foncier disponible, mais en créant des aspérités, des résiliences au réchauffement climatique, chacun mène son opération en tournant le dos à l’autre. Ce qui réduit de 30 % la constructibilité et amplifie de 50 % le réchauffement climatique, car on crée un nouvel îlot de chaleur. Chaque parcelle est considérée individuellement, il n’y a pas de vision d’ensemble. On raisonne encore sur l’ancienne économie.
Philippe Van de Maele – En premier lieu, passer à la ville durable est une étape importante. On ne peut plus parler de l’impact d’un bâtiment, il faut englober son environnement. Par exemple, les écoquartiers où seule la voiture est proposée comme mode de transport pour s’y rendre n’en sont pas, quand bien même les bâtiments ont été conçus au mieux. L’intégration dans la ville est essentielle. Autre sujet fort du fait de l’Europe, la finance verte. D’où nos travaux sur le financement de l’immobilier vert. Les conséquences peuvent être importantes si l’Europe décidait, par exemple, que le taux de couverture d’un prêt vert par les réserves de la banque soit non pas de 1 pour 10, mais de 1 pour 12. Cela aurait des conséquences sur les structures financières, qui inciteraient à aller dans ce sens. Il faut donc préparer les acteurs à cela. Ce n’est pas que de la technique.[/vc_column_text][vc_single_image image= »21903″ img_size= »full » add_caption= »yes » alignment= »center »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_single_image image= »21904″ img_size= »full » add_caption= »yes » alignment= »center »][vc_single_image image= »21901″ img_size= »full » add_caption= »yes » alignment= »center »][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]Et la performance environnementale et l’économie circulaire ?
Philippe Van de Maele – C’est aussi un enjeu. Nous avons produit, l’an passé, un cadre de définition et proposons avec les certifications HQE un profil économie circulaire. La performance environnementale est bien sûr importante pour appréhender, à travers l’analyse de cycle de vie notamment, nos émissions de GES. C’est un sujet sur lequel nous sommes mobilisés depuis plusieurs années. Dès 2012, nous soulignions qu’avec des bâtiments basse consommation (RT 2012), les enjeux clés énergétiques ne pouvaient plus se limiter aux cinq usages réglementaires, mais qu’il était indispensable de considérer les enjeux du carbone à l’échelle du cycle de vie du bâtiment. Nous préfigurions alors la dynamique de la Réglementation environnementale 2020 qui va succéder à l’expérimentation E+C–. Une dynamique énergie-carbone que nous rendons possible grâce à la Base INIES, propriété de l’Alliance HQE-GBC, qui regroupe l’ensemble des déclarations environnementales des produits (FDES) et équipements (PEP) et alimente directement les logiciels ACV bâtiment.

Avez-vous un exemple concret, un retour d’expérience qui puisse illustrer votre propos ? Des solutions ?
Laurent Rossez – Il s’agit de changer notre façon de faire, de recycler davantage de matière, de recycler le foncier ; on doit davantage réhabiliter que construire. Un exemple de solution : en région parisienne, il y a 4 millions de mètres carrés de bureaux vides qu’il est plus rentable de conserver ainsi que de convertir en logements, alors qu’on en manque cruellement. Pourtant, les solutions existent pour les entreprises qui veulent changer de modèle au lieu de laisser leur boîte vide. Lorsqu’une foncière décide de changer son parc, réhabiliter tout ce qu’elle possède avant de construire le moindre mètre carré modifierait complètement la donne. Je suis sûr que nous aurions un effet d’échelle. La transformation deviendrait moins chère. La seconde solution est la rehausse, les techniques pour le faire existent. Mais au lieu de remplir une dent creuse, on va saturer les parcelles et détruire un peu plus de biodiversité. Ce qu’il faudrait, c’est que tout permis de construire en 2020 soit déposé avec sa visualisation en 2040, voire en 2050. Le monde de la construction doit démontrer le pourquoi des choix dès le permis de construire. Si c’est le cas, un projet sur deux sera modifié.
Philippe Van de Maele – À Paris Saclay, nous avons inauguré un réseau d’échange de chaud et de froid de cinquième génération. Inscrit dans un projet européen, ce réseau garantit une énergie durable, l’idée étant d’essayer de récupérer la chaleur fatale. Sur le projet de Satory, nous travaillons avec le maire pour mettre en avant tout ce qui est mobilité propre.

Propos recueillis par Stéphane Miget[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]