620 000 emplois d’ici 2050 si…

Eclore, l’outil développé par l’institut négaWatt, estime que la rénovation énergétique aura besoin de jusqu’à 620 000 emplois d’ici 2050, à condition que la France tienne ses objectifs.

Développé par l’institut négaWatt, Eclore est une solution numérique d’analyse du parc résidentiel et tertiaire en France métropolitaine qui sera dévoilée au public en janvier 2026. L’outil modélise les chantiers nécessaires pour les rénover énergétiquement et l’impact sur l’emploi qui en découlerait.

De nouvelles compétences

Résultat des courses : l’application a mis en évidence l’émergence de deux nouveaux métiers qui commencent à se structurer. C’est d’abord celui de ventiliste, qui vise à assurer une bonne qualité de l’air à l’intérieur du bâtiment. « En plein essor, ce nouveau métier nécessitera, d’après Eclore, 63 000 emplois en 2035 en France pour généraliser la rénovation performante », fait remarquer l’institut.

Le second concerne le métier d’accompagnateur de la rénovation, « Mon Accompagnateur Rénov’ », en charge du suivi des projets des ménages. L’Anah en recensait 3 000 en 2024. « 33 000 seront nécessaires en 2035 pour généraliser la rénovation performante », prophétise Eclore, « ce qui suppose notamment un soutien beaucoup plus fort des pouvoirs publics », ajoute-t-elle.

L’outil met également en lumière les tensions sur le marché des façadiers et estime à 185 000 le nombre d’emplois nécessaires d’ici 2035 afin de massifier l’ITE (isolation thermique par l’extérieur). Dans le même temps, la chute dans le domaine de la construction neuve, si elle devait durer, devrait entraîner une diminution des besoins en maçons.

Les monogestes ne suffiront pas

Au global, l’outil chiffre à 620 000 le nombre d’emplois non délocalisables dans une trentaine de métiers du bâtiment d’ici 2050.

À la condition de répondre aux objectifs que la France s’est fixés, prévient l’institut. « Si la France souhaite rénover à un niveau performant l’ensemble de son parc résidentiel, comme l’exige le Code de l’énergie, ce sont ainsi plus d’un million de chantiers de rénovation performante qui doivent être conduits chaque année entre 2033 et 2050, ce qui suppose de multiplier par dix le rythme actuel. »

Or, la conjoncture actuelle tend plutôt à un fort ralentissement des chantiers. En témoignent les nombreux rebondissements de ces derniers mois autour du dispositif MaPrimeRénov’, revu à la baisse pour les monogestes, mais aussi et surtout pour les rénovations d’ampleur, dont les conditions d’accès ont été durcies et le nombre de dossiers limité à 13 000 jusqu’à la fin de l’année.

L’institut prévient de son côté qu’« une succession de monogestes (changement de chauffage, puis des menuiseries, puis isolation de toiture…) ne permet en revanche pas l’atteinte de la performance à terme. »